Biographie
Charles Émile Souvestre, est un écrivain, journaliste et avocat français qui est né à Morlaix le 15 avril 1806, et est décédé à Montmorency. Il a occupé diverses professions au cours de sa vie, mais sa passion pour l’écriture a été la plus prédominante. Malheureusement, sa vie a été brusquement interrompue par des problèmes de santé. Son oeuvre littéraire est très diverse et elle comprend des récits documentaires et de fiction sur l’ethnographie de la Bretagne. Il a contribué à l’élaboration d’une image littéraire et politique de cette région pendant la Monarchie de Juillet. Il était marié à Nanine Papot, qui écrivait sous le nom de plume de « Nanine Souvestre. »
Émile Souvestre, est le fils de Marie-Françoise Boudier, originaire de Landivisiau, et de Jean-Baptiste Souvestre, ingénieur des Ponts et Chaussées et notable de Morlaix. Il est le plus jeune des trois fils de son père, qui a eu deux filles d’un premier mariage et trois fils d’un second mariage. Émile Souvestre a été élevé en nourrice à Saint-Pol-de-Léon avant de revenir chez lui à l’âge de quatre ans, dans la maison construite par son père sur le quai de Tréguiern. Il était très proche de ses demi-soeurs et de ses nièces, et ses amis étudiants étaient invités chez lui pendant les vacances scolaires.
Son père souhaitait qu’il poursuive des études à l’École polytechnique. Il l’a donc envoyé étudier au collège royal de Pontivy, où il a noué des amitiés durables avec certains de ses camarades de classe. Mais en 1823, il a choisi de suivre des études qui correspondaient davantage à ses aspirations, à la faculté de droit de Rennes. Il y a noué des amitiés avec des personnes comme Édouard Turquetty, poète romantique, Hamon, Évariste Boulay-Paty, Hippolyte Lucas, et même le futur ministre Adolphe Billault. Il a vu ses poésies publiées dans le journal du Nantais Camille Mellinet, le Lycée armoricain, dès 1825. Il a obtenu son diplôme en droit en 1826 et est parti pour Paris pour tenter de percer dans le théâtre.
Ensuite il a vécu à Paris dans les Batignolles, barrière de Clichy, au 24 de la rue des Carrières. Sa principale réalisation de cette période est la tragédie intitulée le Siège de Missolonghi. Il a réussi à la faire accepter à la Comédie-Française grâce à l’aide de l’acteur rennais Alexandre Duval, mais la représentation a été empêchée par l’intervention de la censure et les rivalités internes du théâtre. Ce séjour à Paris a été interrompu par la mort de son frère aîné, Jean-François, qui était capitaine au long cours, mais surtout par une rechute de ses problèmes de gorge. Il est donc retourné, malade et dépressif, dans sa famille à Morlaix pour se remettre.
Emile Souvestre arrive à Nantes en janvier 1829 et s’implique dans la vie culturelle de la ville, travaillant d’abord pour l’entreprise de Camille Mellinet, imprimeur-libraire et éditeur qui publie deux de ses recueils poétiques. Il fréquente des amis comme Édouard Richer et se lie d’amitié avec le sculpteur Étienne Nicolas Édouard Suc. Il épouse Cécile Ballot-Beaupré en avril 1830 et participe aux journées de Juillet, marquées par la fusillade de la place Louis-XVI. Il perd son épouse et son fils peu après leur naissance, et accompagne Édouard Charton dans un périple de propagande saint-simonienne en Bretagne. Il devient codirecteur d’une école privée lancée par René Luminais en 1832, et se remarie avec la sœur de son collègue, Anne Papot. Il quitte son emploi d’enseignant qui ne lui plaît pas pour se consacrer à l’écriture.
Émile Souvestre a laissé son beau-frère, Alexis Papot, gérer l’établissement seul et est parti s’installer à Morlaix en tant qu’avocat, avec sa famille. Ils ont été confrontés à la deuxième pandémie de choléra et se sont installés à Brest où il est devenu professeur de rhétorique et a dirigé un journal intitulé Le Finistère. Il eu deux filles pendant leur séjour à Brest, Fanny Noemie et Marie Claire. En raison de problèmes de santé, ils ont été conseillés de déménager dans un climat moins maritime et, avec l’aide d’un représentant politique, ils ont obtenu un poste similaire à Mulhouse. Leur troisième fille, Ada Anahn, est née là-bas, mais comme son état de santé ne s’est pas amélioré, ils ont décidé de s’installer à Paris.
Emile Souvestre connu un certain succès littéraire grâce à son livre « Les Derniers Bretons » qui a été publié en feuilleton dans la Revue des Deux Mondes. Il est également devenu rédacteur pour la Revue de Paris et tenait un salon les jeudis soirs à Belleville avec ses amis républicains, artistes, musiciens et écrivains, dont Étienne Suc. En 1848, il s’est impliqué dans l’avènement de la République, un régime qu’il approuvait depuis longtemps. Il a assisté à des réunions de clubs avec des amis qui avaient les mêmes engagements politiques, comme Olinde Rodrigues, l’artiste Peter-Tom Hawke, Paulin Niboyetn et l’abbé Constant. Il s’est présenté aux élections à la Constituante dans le Finistère, mais sa défaite l’a marqué profondément. Il a soutenu les initiatives du ministre de l’Instruction publique, Hippolyte Carnot, en devenant professeur de « style administratif ou éloquence administrative » à l’École d’administration fondée par ce dernier. Il s’est également impliqué dans les « Lectures du soir » destinées à la population ouvrière qui ont eu lieu au conservatoire de musique. Cependant, ces deux institutions ont rapidement été victimes du retour au conservatisme de 1848-49. Au début des années 1850, il a été reconnu comme un auteur respecté et a reçu le prix de l’Académie française pour « Causeries historiques et littéraires » et en 1854, elle lui a attribué le prix Lambert à titre posthume. Il s’est éloigné de la France pour un temps après le coup d’État de 1851 et a donné des conférences d’histoire littéraire en Suisse romande, où il a déclaré que cette période était la plus heureuse de sa vie.
Emile Souvestre est décédé le 5 juillet 1854 à l’âge de 48 ans, à Montmorency, rue de Grétry. Il a été enterré au cimetière du Père-Lachaise, sa tombe est ornée d’un buste sculpté par son ami Philippe Grass.