Biographie
Roger Planchon, né le 12 septembre 1931 à Saint-Chamond, est un grand nom du théâtre français en tant que directeur de théâtre, metteur en scène, dramaturge, cinéaste et comédien. Il est considéré comme l’un des plus grands représentants du Théâtre national populaire et un défenseur passionné de la décentralisation théâtrale. Ses parents, originaires de l’Ardèche, ont quitté le monde rural en quête de travail et sont arrivés à Saint-Chamond, où Roger est né. Sa mère était femme de chambre et son père a travaillé comme plongeur avant de devenir propriétaire d’un bistrot à Lyon. Roger a grandi entre les quartiers populaires de la ville et la ferme de son grand-père à Borée.
Pendant la guerre, il a participé à la résistance en transmettant les messages des maquisards, ce qui lui a valu la Croix de guerre à l’âge de treize ans. Après l’école primaire, il a fréquenté un établissement des Frères des écoles chrétiennes où il a découvert l’art, la poésie et surtout le cinéma, sa première passion. Malgré les aspirations de son père pour un métier de cuisine, Roger s’est orienté vers le métier d’employé de banque le jour et a passé ses nuits dans les caves existentialistes lyonnaises où il écoutait du jazz et de la poésie.
Autodidacte, il s’est nourri de la littérature et a fait ses débuts en récitant des poèmes de Baudelaire, Rimbaud, Char, Laforgue et Michaux dans une cave de la presqu’île. Il a ensuite passé de la poésie au théâtre, fréquentant les revues littéraires, les spectacles de Jean Vilar et les programmations novatrices de Charles Gantillon. Il a suivi les cours d’art dramatique de Suzette Guillaud où il a rencontré ses futurs compagnons de la scène, tels que Alain Mottet, Claude Lochy et Robert Gilbert. Avec ces amis et Isabelle Sadoyan, il a monté ses premiers spectacles, tels que La Mort joyeuse et Les Chemins clos en 1949, et Le Songe d’une nuit d’été en 1950. Le 22 mai 1950, ils se sont constitués en tant que compagnie amateur, la Compagnie Que Vlo-ve, et ont remporté le premier prix du concours du théâtre universitaire et amateur de Mâcon avec leur spectacle Bottines, collets montés en 1950.
Roger Planchon, figure importante de la décentralisation théâtrale, a fondé en 1952 le Théâtre de la Comédie de Lyon, qui est devenu le premier théâtre de province à jouer tous les soirs. Après un déficit, il a obtenu une subvention de 10 millions de francs de la mairie de Lyon pour relancer la troupe. En 1956, il a mis en scène Grand-peur et misère du Troisième Reich de Bertolt Brecht et a développé sa propre vision du réalisme. En 1957, il a pris en charge le Théâtre de la Cité ouvrière de Villeurbanne et a obtenu le statut de troupe permanente pour ses acteurs en 1959.
Planchon a repris plusieurs fois la mise en scène de Tartuffe de Molière, notamment en 1967 pour le Festival d’Avignon, et l’a présentée en tournée jusqu’en 1977. Sa mise en scène provocatrice a été saluée par la critique mais controversée pour son propos. Elle reste une référence.
En 1972, le Théâtre de la Cité a reçu le label de Théâtre national populaire et Planchon en a pris la direction, qu’il a partagée avec d’autres metteurs en scène. Il a dirigé le théâtre jusqu’en 2002. Planchon a mis en scène des auteurs allant de Brecht à Michel Vinaver et a inspiré de nombreux metteurs en scène. Il a également tenu une douzaine de rôles dans ses propres mises en scène de Tartuffe, George Dandin, Le Triomphe de l’amour, L’Avare, entre autres. Au cinéma, il a réalisé trois longs métrages : Dandin, Louis, enfant roi et Lautrec.
Planchon a consacré sa vie à la décentralisation théâtrale et cinématographique. Il a fondé Rhône-Alpes Cinéma en 1990 et a ouvert en 2002 le Studio 24, un studio de cinéma transformable en Théâtre Studio de 700 places. Il a également codirigé les cinémas CNP fondés en 1968. Planchon a mené une réflexion importante sur l’histoire, le rôle du théâtre dans la société et le lien entre destin individuel et collectif. Il s’est tourné vers un théâtre populaire et a considéré le théâtre comme le meilleur moyen de faire découvrir les classiques au grand public.
Christian Schiaretti prend la direction du TNP en 2002 et crée sa propre compagnie. Il poursuit ses activités d’écriture et de mise en scène jusqu’à son décès survenu le 12 mai 2009. Il repose au cimetière du Père-Lachaise, dans la 22e division.