Qui est Pierre Dac ?
Date de naissance : 15 août 1883 (Châlons-en-Champagne).
Date du décès : 9 février 1975 (Paris 17e) à 81 ans.
Activité principale : Humoriste, comédien.
Nom de naissance : André Isaac.
Pseudonyme : André Pierre Dac.
Où est la tombe de Pierre Dac ?
La tombe est située dans la division 87, Columbarium case n° 4462
Biographie de Pierre Dac
Né le 15 août 1893 à Châlons-sur-Marne, André Isaac, qui prendra plus tard le nom de Pierre Dac, est un humoriste et acteur emblématique français. Durant la Seconde Guerre mondiale, il se distingue comme une voix de la Résistance face à l’Allemagne nazie par le biais de Radio Londres.
Au cours des années 1930, il lance son propre journal humoristique, « L’Os à moelle ». Parmi ses créations, on compte le Schmilblick, un objet universel, ainsi que le biglotron et la fameuse confiture de nouilles. Il popularise aussi le terme « loufoque ».
Après le conflit, il forme une célèbre paire humoristique avec Francis Blanche, animant des séries radiophoniques prisées telles que « Malheur aux barbus », « Signé Furax » et « Bons baisers de partout ».
André Isaac est né dans une famille juive alsacienne établie à Châlons-sur-Marne après la défaite de 1870. Enfant, il déménage à Paris avec sa famille. Inspiré par la profession de boucher de son père, il utilisera plus tard l’argot des bouchers dans son humour. André démontre un talent artistique précoce, mais ses farces lui valent une expulsion du lycée en 1908.
Durant la Première Guerre mondiale, il sert au front, revenant avec de graves blessures. Ces épreuves l’empêchent de poursuivre une carrière de violoniste. Néanmoins, il y a des divergences concernant la véracité de son parcours militaire, certains documents suggérant qu’il aurait été blessé lors d’un exercice plutôt qu’au combat.
D’après Pierre Dac, Marcel, son frère, serait décédé à 28 ans, lors de la bataille de Champagne en 1915, touché par un obus ennemi. Néanmoins, des archives officielles indiquent qu’il succomba à une embolie, une maladie contractée pendant son service. Malgré cette divergence, sa pierre tombale porte l’inscription « Mort pour la France », preuve photographique à l’appui.
Au sortir de la Grande Guerre, Pierre Dac exerce divers petits jobs à Paris, dont coursier, taximan, et homme-sandwich. Dans les années 1920, il se lance dans la chanson, se produisant dans des cabarets tels que La Muse rouge. En 1923, grâce à une rencontre avec le chansonnier Roger Toziny, il adopte le pseudonyme « Dac ». En 1925, il participe à un événement organisé par le journal anarchiste L’Insurgé.
En 1929, il épouse Marie-Thérèse Lopez, union de courte durée. Les années 1930 le voient évoluer sur différentes scènes parisiennes, et c’est là qu’il rencontre Dinah Gervyl, qui deviendra sa deuxième femme. Durant cette période, il collabore avec René Sarvil et anime des émissions radiophoniques à succès.
L’Os à moelle, une revue humoristique, voit le jour en 1938, co-fondée avec son compère Francis Blanche. Le nom s’inspire de Rabelais et des racines bouchères de Dac. Cette publication attire divers talents et s’amuse à présenter des annonces farfelues, souvent l’œuvre de Blanche. Malheureusement, l’avancée allemande en 1940 met fin à cette aventure après 109 numéros. L’Os à moelle connaîtra quelques résurrections post-guerre, avec la contribution d’écrivains comme René Goscinny.
En 1940, Pierre Dac s’installe au 42, boulevard de Strasbourg à Toulouse, aux côtés de Fernand Lefèbvre, qui deviendra pilote pour la France libre. En novembre 1941, Pierre tente de rallier Londres, mais il est capturé pendant sa traversée des Pyrénées et enfermé à la prison Model de Barcelone. C’est là qu’il rédige son poème « Noël 1941 ». Quatre mois plus tard, il est transféré à Perpignan, sur sa demande, d’où il est libéré rapidement grâce à un jugement clément.
Au début de 1943, Pierre essaye de nouveau d’atteindre le Portugal via l’Espagne sous une fausse identité. Malheureusement, le 18 mai, il est détenu à Valencia de Alcántara, puis transféré à Cáceres suite à une tentative d’évasion. Finalement, il est échangé par des accords entre les Espagnols et les Britanniques, orchestrés par la Croix-Rouge. Il part pour le Portugal en août 1943, puis pour Alger et enfin Londres en octobre, où il rejoint la station « Les Français parlent aux Français » de Radio Londres.
Dès le 30 octobre 1943, il se moque à la radio des collaborateurs et des nazis avec des parodies de chansons populaires. Il devient célèbre pour le slogan « Radio-Paris ment, Radio-Paris est allemand », devenu emblématique de la résistance.
Pierre Dac est honoré comme membre d’honneur du Groupe Lorraine, un honneur rare pour un civil. Cette distinction lui est accordée après avoir raté une émission de la BBC à la suite d’un repas arrosé, son seul faux pas durant la guerre.
Le 10 mai 1944, Philippe Henriot critique Pierre Dac à la radio en remettant en question son dévouement pour la France à cause de ses origines juives. Pierre riposte le jour suivant sur Radio-Londres, rappelant le sacrifice de son frère pendant la Première Guerre mondiale. Il prédit la fin tragique d’Henriot, qui est effectivement tué par la Résistance moins de deux mois plus tard.
De 1964 à 1966, Pierre Dac relance L’Os à moelle. En février 1965, il surprend tous en annonçant sa candidature présidentielle pour le MOU (Mouvement ondulatoire unifié) lors d’un événement à l’Élysée-Matignon. Le Tout-Paris assiste et s’amuse de ce canular. Accompagné de ses catcheurs et gardes du corps, il présente Jacques Martin comme Premier ministre potentiel et mentionne Jean Yanne et René Goscinny comme futurs collaborateurs.
Il continue de publier des discours du MOU dans L’Os à moelle, promouvant le slogan humoristique « Les temps sont durs, votez MOU ! ».
Cependant, à l’approche de l’été, sa candidature gagne en popularité, suscitant des inquiétudes parmi les concurrents. À l’Élysée, on juge que la supercherie a assez duré. Un proche du général de Gaulle lui suggère en septembre de se désister. En hommage à l’ex-chef de la France libre, Pierre Dac accepte. Il motive sa décision par une déclaration humoristique sur la candidature d’un autre prétendant, exprimant qu’il n’était plus le plus excentrique dans la course et préférant donc abandonner.
En 1972, Meulan lui rend hommage avec un square et une statue. Lors de l’inauguration, Pierre Dac et Francis Blanche créent une scène mémorable devant les photographes en se comportant de façon atypique devant le monument.
Le monument funéraire de Pierre Dac au Père-Lachaise
Fumeur depuis sa jeunesse, il s’éteint en 1975, des suites d’un cancer du poumon, loin des projecteurs. Comme Alphonse Allais le disait, et qu’il reprenait : « La mort est un manque de savoir-vivre ».
Après sa crémation, ses cendres trouvent repos au columbarium du Père-Lachaise.