Qui est Beaumarchais ?
Date de naissance : 24 janvier 1732 (Paris, France).
Date du décès : 18 mai 1799 (Paris, France) à 67 ans.
Activité principale : Écrivain, philosophe, dramaturge, et espion.
Nom de naissance : Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais.
Où est la tombe de Beaumarchais ?
La tombe est située dans la division 28
Biographie de Beaumarchais
Figure emblématique du siècle des Lumières, Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais aura sans conteste marqué son époque, aussi bien pour ses pièces engagées que pour ses combats politiques annonciateurs de la Révolution Française. Homme d’action, d’affaires et de tous les scandales, il mène une vie chaotique, émaillée par les controverses sentimentales, politiques, et économiques auxquelles il se retrouve constamment mêlées. Fin stratège, épris de liberté, il sait développer face aux revers de fortune et au pouvoir corrompu une personnalité opportuniste qui lui vaut bien des ennuis – mais aussi presque autant de succès. Outre son œuvre théâtrale et son rôle dans la Révolution, Beaumarchais, est aussi à l’origine de la première loi en faveur de la reconnaissance du droit d’auteur, une question toujours aussi cruciale aujourd’hui.
Une jeunesse d’apprenti horloger
Benjamin d’une fratrie de sept enfants, Pierre-Augustin Caron voit le jour le 24 janvier 1732 à Paris, dans une famille plutôt aisée, malgré les dettes et quelques tensions parentales. N’ayant que des sœurs aînées, il est le seul garçon de Louise Pichon et André-Charles Caron. Après des études à l’École des Métiers d’Alfort, le jeune Pierre-Augustin intègre à 13 ans le prestigieux atelier de son père, maître-horloger reconnu, en tant qu’apprenti. En dépit de la relation compliquée qu’il entretient avec son père, le jeune garçon se révèle être un artisan talentueux. En 1752, à seulement vingt ans, il conçoit le premier mécanisme d’échappement à hampe pour montre. Jean-André Lepaute, alors horloger du Roi, s’empresse de s’attribuer les mérites de cette invention ; Pierre-Augustin doit alors avoir recours à l’Académie des Sciences pour que la propriété du dispositif lui soit restituée, lui permettant par la même occasion d’obtenir la première commande officielle du monarque lui-même.
L’entrée à la Cour du Roi Louis XV
Mais en dépit de son talent certain, Pierre-Augustin Caron se détourne rapidement du monde de l’horlogerie qui ne l’intéresse guère. Le 27 novembre 1756, il épouse Madeleine-Catherine Aubertin, veuve Franquet, et adopte le suffixe « de Beaumarchais » en référence au fief que possède sa richissime épouse. La mort subite de cette dernière l’année suivante, à 35 ans, fait basculer le jeune homme dans une position des plus inconfortables ; soupçonné du meurtre de sa femme, il fait alors face à l’un des premiers scandales de sa vie pour tenter de prouver son innocence. Le premier d’une longue série.
Malgré ces déboires, Pierre-Augustin Caron commence à se faire un nom auprès des proches du Roi. Il se lie ainsi d’amitié avec Le Normand d’Étiolles et Joseph Pâris-Duverney, deux financiers de la Cour, avec qui il entreprend des spéculations commerciales – achat/revente de charges, exploitations forestières, …Le commerce est florissant, tant et si bien que le jeune homme amasse en quelques années une grande fortune, qui lui permet d’acheter une charge de Secrétaire du Roi et d’entrer de fait dans la noblesse.
Nommé professeur de harpe des quatre filles du Roi Louis XV, puis lieutenant général des chasses, Pierre-Augustin Caron commence à écrire quelques farces pour le théâtre, comme Les Bottes de Sept Lieues, ou Zirzabelle. Après un séjour d’affaires de quelques mois à Madrid, lequel aura une influence considérable sur ses écrits futurs, il revient à Paris en mars 1765. Il épouse, en secondes noces, Geneviève-Madeleine Wattebled, veuve Lévêque, qui meurt précocement en 1770, à 39 ans, en lui laissant une fortune considérable. Une nouvelle fois, les regards suspicieux se retournent alors vers le jeune homme, accusé de détournement d’héritage.
Un homme actif, entre scandales politiques, missions secrètes, et succès théâtral
Les années qui vont suivre la mort de sa seconde épouse seront loin d’être de tout repos pour Pierre-Augustin Caron. Outre les soupçons qui pèsent déjà sur lui, il se retrouve également mêlé à un autre scandale de succession, cette fois dans l’affaire de l’héritage de son grand ami Pâris-Duverney, qui l’avait désigné comme son légataire en lieu et place de son neveu, le Comte de la Blache. Traîné en justice par ce dernier, Beaumarchais est victime de la corruption régnant à l’époque dans les hautes sphères de la société et se retrouve accusé de faux en écriture, ce qui va déclencher l’affaire Goëzman, qui avait fait grand bruit à l’époque. Si le jeune homme est finalement blanchi par la justice quelques années plus tard, il perd au passage grande partie de sa fortune et de ses alliés politiques. Le Barbier de Séville, qui connaissait des débuts prometteurs en 1773, ne peut alors plus être présenté.
Face à cette situation, Beaumarchais tente de se racheter en mettant ses talents de stratège et de marchandeur au service de l’État ; il devient alors agent secret pour le compte du Roi de France et participe à certaines missions à l’étranger, notamment en Angleterre en 1774-1775, où il est chargé de faire disparaître des pamphlets dérangeants concernant la monarchie française et de récupérer les plans d’invasion des anglais en France, mais aussi en Amérique, en 1777, où il contribue à la vente secrète d’armes et de poudre aux insurgés pendant la Guerre d’Indépendance. Si les pertes financières sont assez lourdes pour Beaumarchais, malgré le soutien financier postérieur du Roi, ces actions lui permettent de retrouver les faveurs de la Cour. En parallèle, Le Barbier de Séville est présenté, remanié, et suscite alors un triomphe.
Profitant de ce succès théâtral, le dramaturge se lance dès 1777 dans une nouvelle initiative : la suppression des privilèges de l’Ancien Régime – qui octroyaient la majorité des recettes des représentations théâtrales aux comédiens, et une part minime aux auteurs – et la reconnaissance du droit d’auteur. Un combat qui portera finalement ses fruits au moment de la Révolution Française, avec la Loi Le Chapelier de 1791.
La Révolution Française, son ultime combat
Suite au succès du Barbier de Séville, Beaumarchais propose Le Mariage de Figaro, qui mettra trois ans avant d’être acceptée par le Roi. Jouée pour la première fois à la Comédie Française en avril 1784, la pièce, fraîche et pleine d’esprit, fait un véritable triomphe. En parallèle, le dramaturge investit des quantités d’argent considérables pour l’édition des œuvres de Voltaire, de 1783 à 1790. Mais il se retrouve vite à nouveau dans la tourmente, suite à la publication par le Journal de Paris de ses problèmes avec le Roi et d’autres soucis liés à ses spéculations financières, notamment les œuvres de Voltaire. Désormais considérées comme une atteinte à la noblesse, ses pièces cessent alors d’être représentées.
Dès 1789, à 57 ans, Beaumarchais s’engage publiquement pour la Révolution Française. Il pénètre dans la Bastille le 15 juillet 1789, avec un contingent de 80 hommes, puis est nommé membre provisoire de La Commune de Paris en 1792. Il continue également d’écrire pour le théâtre, notamment La Mère Coupable qui conclut la trilogie de Figaro. Mais, toujours attiré par les spéculations financières et l’appât du gain, il abandonne rapidement ses fonctions pour se lancer dans un nouveau trafic d’armes pour les troupes de la République ; un investissement qui terminera de le ruiner et de le mettre aux bans de la société. Emprisonné sous la Terreur, il évite de justesse la peine de mort, et s’exile quelques années à Hambourg, avant de revenir en France en juillet 1796, grâce à la pression populaire et au combat mené par sa troisième épouse, Marie-Thérèse de Willer-Mawlaz.
Après l’écriture de ses Mémoires, il meurt d’apoplexie dans son sommeil, dans la nuit du 17 au 18 mai 1799, à l’âge de 67 ans. Trop tard pour profiter du succès de la première représentation de La Mère Coupable.