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BONHEUR Rosa

Qui est Rosa Bonheur ?

Date de naissance : 16 mars 1822 (Bordeaux, France).
Date du décès : 25 mai 1899 (Thomery, France) à 77 ans.
Activité principale : Peintre, sculptrice, spécialisée dans la représentation animalière.
Nom de naissance : Marie-Rosalie Bonheur Juana Maria Maribel.

Où est la tombe de Rosa Bonheur ?

Tombe Rosa BONHEUR

La tombe est située dans la division 74

Père-Lachaise PLAN des divisions

Le monument funéraire de Rosa Bonheur au Père-Lachaise

Rosa Bonheur repose dans la 74e division du cimetière du Père-Lachaise, dans un caveau partagé avec Nathalie Micas et, depuis 1948, Anna Klumpke. Ce triple enterrement n’est pas anodin : il scelle le souvenir d’une vie construite sur la fidélité, le respect et l’affection entre femmes artistes.

La tombe est sobre, sans monumentalité excessive, mais émouvante. Une grande stèle verticale porte les noms des trois femmes. Une palme de bronze symbolise la gloire artistique. L’inscription « Officier de la Légion d’honneur » rappelle son statut historique. La tombe est bien entretenue, souvent fleurie par des visiteurs émus.

Père-Lachaise - Division 74 - Bonheur 01

Un mystère hante parfois les visiteurs : certains affirment ressentir une présence, comme si l’énergie de Rosa, indomptable de son vivant, persistait dans la pierre. L’émotion naît aussi de la géographie du lieu : non loin d’elle reposent d’autres esprits résolument libres, comme Colette, Oscar Wilde ou Gertrude Stein.

Visiter la tombe de Rosa Bonheur, c’est rendre hommage à une pionnière. C’est aussi se recueillir sur un monument discret mais lourd de sens, où la grandeur ne tient pas à la pierre mais à la mémoire qu’elle incarne. Et c’est enfin se rappeler que Rosa, comme elle le disait, croyait que « le génie n’a pas de sexe », mais une voix, un regard, un trait. Elle en a laissé des milliers.

Aujourd’hui, le musée de son atelier au château de By, restauré et ouvert au public, complète ce pèlerinage artistique, offrant un double hommage : à l’œuvre et à la femme.

Biographie de Rosa Bonheur

Marie-Rosalie Bonheur, dite Rosa Bonheur, naît le 16 mars 1822 à Bordeaux, dans un foyer où l’art et l’idéalisme révolutionnaire s’entrelacent. Elle est la fille de Raymond Bonheur, un peintre influencé par le saint-simonisme, et de Sophie Marquis, femme cultivée au passé trouble, qui lui enseigne à lire en associant chaque lettre à un animal à dessiner — présage de sa vocation.

André Adolphe-Eugène Disdéri (French - (Rosa Bonheur) - Google Art Project

Après le déménagement à Paris en 1829, la famille affronte les difficultés financières et la mort prématurée de la mère en 1833. Rosa, révoltée par l’ordre bourgeois, refuse l’école traditionnelle, s’attache à la liberté et à la nature. Elle est initiée à l’art par son père, qui la forme dans son atelier. Rapidement, elle se passionne pour les animaux, qu’elle observe dans les foires, les fermes, les abattoirs, et même à l’École vétérinaire d’Alfort.

En 1841, à 19 ans, Rosa Bonheur expose pour la première fois au Salon. En 1845, elle obtient une médaille de troisième classe, puis une médaille d’or en 1848 pour Bœufs et Taureaux, race du Cantal. Mais c’est Le Labourage nivernais (1849), commande de l’État, qui l’érige en grande peintre de son temps. L’œuvre, monumentale, conjugue réalisme agricole, respect de la terre, et puissance animale.

En 1853, Le Marché aux chevaux, présenté au Salon, bouleverse le public. Longue de cinq mètres, cette scène foisonnante d’énergie et de véracité est achetée par son agent Ernest Gambart, qui la présente en Angleterre, puis aux États-Unis. Rosa devient une célébrité internationale.

Elle est déjà une exception : femme, artiste, indépendante. Refusant le mariage, elle choisit de vivre librement et porte des pantalons — nécessitant une « permission de travestissement » renouvelable tous les six mois. Sa compagne depuis l’adolescence, Nathalie Micas, partage sa vie et son travail pendant 50 ans. Rosa Bonheur refusera toujours de cacher cette relation.

En 1860, elle s’installe au château de By à Thomery, en lisière de la forêt de Fontainebleau. Elle y crée un vaste atelier, une véritable arche de Noé peuplée de moutons, de lions, de cerfs et de chevaux. L’impératrice Eugénie elle-même vient la visiter en 1864, lui remet la Légion d’honneur l’année suivante. Rosa devient la première femme artiste à recevoir cette distinction.

Durant la seconde moitié de sa carrière, Rosa Bonheur produit sans relâche. Elle expose peu, car ses tableaux sont vendus d’avance à une clientèle internationale. En 1889, elle fait la connaissance de Buffalo Bill, dont elle peint un portrait. Une amitié sincère les unit. Elle prend aussi sous son aile Anna Klumpke, peintre américaine venue faire son portrait en 1898. Les deux femmes partagent la fin de la vie de Rosa, qui la désigne comme son héritière et biographe.

Rosa Bonheur s’éteint le 25 mai 1899, à 77 ans, au château de By. Elle laisse derrière elle un immense corpus : plus de 2 000 peintures, dessins, sculptures, et des oeuvres emblématiques comme La Fenaison en AuvergneBiches et cerf au reposLa Foulaison du blé en Camargue.

Elle a ouvert la voie aux femmes artistes, incarnant un féminisme d’action, enraciné dans le travail, la liberté de choix et l’excellence artistique. Après un relatif oubli au XXe siècle, Rosa Bonheur connaît une redécouverte : musées, expositions, biographies, et un Doodle de Google pour son bicentenaire.