Qui est Karel Appel ?
Date de naissance : 25 avril 1921 (Amsterdam, Pays Bas).
Date du décès : 3 mai 2006 (Zurich, Suisse) à 85 ans.
Activité principale : peintre, sculpteur.
Où est la tombe de Karel Appel ?
La tombe est située dans la division 22
Le monument funéraire de Karel Appel au Père-Lachaise
Biographie de Karel Appel
Karel Appel : L’Artiste de l’Innocence Sauvage
Karel Appel, né le 25 avril 1921 à Amsterdam et décédé le 3 mai 2006 à Zurich, est une figure marquante du monde de l’art du XXe siècle. Peintre, poète, céramiste, dessinateur, illustrateur et graveur néerlandais, il est surtout reconnu pour son implication dans le mouvement Cobra (acronyme de Copenhague, Bruxelles, Amsterdam) qu’il a cofondé en 1948. Ce mouvement prônait un retour à une forme d’art libre, spontanée, inspirée par l’expression des enfants, l’art populaire et l’art brut. L’œuvre de Karel Appel, empreinte d’une liberté sauvage, a marqué profondément l’histoire de l’art contemporain par son énergie explosive, ses couleurs vives et son esprit révolutionnaire.
Les Origines : Entre Discipline et Rébellion
Karel Appel grandit dans une famille modeste à Amsterdam. Son père était coiffeur, et sa mère, femme au foyer. Dès son plus jeune âge, Appel montre une fascination pour le dessin et la peinture. Toutefois, ses parents voyaient en lui un avenir plus traditionnel et espéraient qu’il reprendrait le salon de coiffure familial. Mais l’artiste en herbe était déjà un rebelle dans l’âme. Il s’inscrit à l’Académie des Beaux-Arts d’Amsterdam, malgré l’opposition de son père. Entre 1940 et 1943, il suit une formation académique rigoureuse, mais le jeune artiste se lasse rapidement de l’approche classique de l’enseignement artistique.
C’est pendant cette période qu’il découvre les œuvres de Picasso, Matisse et des surréalistes, qui l’inspirent à chercher de nouvelles formes d’expression. L’Europe, alors plongée dans la Seconde Guerre mondiale, est en proie au chaos, et Appel sent le besoin de répondre à cette époque troublée avec une expression artistique tout aussi chaotique. Cette période de guerre et de privations le pousse à explorer des formes artistiques plus libres et émotionnelles.
Cobra : L’Art comme Libération
En 1948, Appel devient l’un des membres fondateurs du groupe Cobra, un collectif d’artistes issus de Copenhague, Bruxelles et Amsterdam. Cobra prône une rupture radicale avec les conventions artistiques académiques et formalistes qui dominaient encore une grande partie de l’Europe de l’après-guerre. Les artistes de Cobra s’inspirent de l’art des enfants, des graffitis, des œuvres d’art primitif, et prônent un retour à une forme d’expression brute, instinctive, libérée de tout contrôle intellectuel.
Pour Appel, l’art de Cobra était avant tout une expression de la vie elle-même, dans toute sa force, sa brutalité et son innocence. Il peignait avec un abandon total, utilisant des couleurs vives et saturées, appliquées en couches épaisses, presque comme si la peinture elle-même devenait une sculpture. Les thèmes de ses œuvres étaient souvent figuratifs, mais distordus, presque grotesques, révélant des formes humaines et animales qui semblaient surgir d’un monde de rêves ou de cauchemars.
Appel disait souvent : « Je ne peins pas, je frappe ! » Cette phrase résume bien son approche de la peinture : une attaque directe sur la toile, où les coups de pinceau sont vigoureux et intenses, traduisant une sorte de violence poétique. Ses œuvres des années Cobra ont souvent été qualifiées de « spontanées », mais elles étaient surtout le reflet d’une volonté délibérée de briser les chaînes du conventionnel pour explorer un nouveau territoire artistique.
L’Innocence et la Violence dans l’Œuvre de Karel Appel
L’une des caractéristiques les plus frappantes de l’œuvre d’Appel est la tension entre l’innocence et la violence. Ses formes simples, presque enfantines, contrastent avec la vigueur brute de ses coups de pinceau et l’intensité de ses couleurs. Ses figures, souvent proches de l’iconographie de l’art brut, semblent à la fois familières et étrangères, comme des créatures issues d’un monde primaire et archaïque.
Cette ambivalence se retrouve aussi dans sa poésie. Tout au long de sa carrière, Appel a écrit des poèmes qui accompagnaient ses œuvres visuelles. Ses poèmes, comme sa peinture, sont spontanés, parfois naïfs, souvent marqués par une vision du monde à la fois désenchantée et pleine d’émerveillement. Ils explorent des thèmes universels comme la vie, la mort, la nature humaine, avec une simplicité qui cache une profondeur philosophique.
L’Internationalisation de sa Carrière
Après la dissolution de Cobra en 1951, Appel poursuit une carrière internationale qui le mène bien au-delà des frontières des Pays-Bas. Il s’installe d’abord à Paris, où il fréquente d’autres artistes d’avant-garde et se rapproche du milieu surréaliste. Il collabore également avec des poètes et des écrivains comme Hugo Claus et Michel Tapié, ce qui contribue à renforcer son image d’artiste total, à la fois peintre et poète.
Dans les années 1950, il commence à exposer régulièrement à travers l’Europe et les États-Unis. Ses œuvres, d’abord mal comprises et parfois critiquées pour leur caractère « barbare » et « primitif », finissent par trouver un public enthousiaste. Les critiques d’art commencent à voir en lui un véritable innovateur, quelqu’un qui a su transcender les conventions artistiques pour créer un langage propre, universel.
Appel expérimente également d’autres médiums au cours de sa carrière. Il se tourne vers la sculpture, créant des œuvres monumentales en métal ou en bois, souvent peintes de couleurs vives, qui reprennent les formes et motifs qu’il explore dans sa peinture. En céramique, il collabore avec le célèbre atelier Madoura à Vallauris, en France, et crée des pièces qui témoignent de la même énergie brute que ses tableaux.
Un Artiste sans Frontières
L’une des caractéristiques marquantes de Karel Appel est son insatiable curiosité pour les cultures du monde entier. Ses nombreux voyages en Afrique, au Mexique, aux États-Unis et en Asie ont profondément influencé son travail. Il s’intéressait à l’art tribal, à l’art populaire, ainsi qu’aux formes d’expression non occidentales, qu’il intégrait dans son propre langage visuel.
Appel n’était pas seulement un artiste de studio, il voulait que son art soit vu et ressenti par le plus grand nombre. Il a ainsi réalisé plusieurs œuvres monumentales dans l’espace public, comme la fresque pour l’UNESCO à Paris ou encore ses sculptures installées dans des parcs et des places publiques à travers le monde. Pour lui, l’art ne devait pas être confiné aux galeries ou aux musées, mais être accessible à tous.
Une Fin de Carrière en Apothéose
Les dernières décennies de la vie de Karel Appel ont été marquées par une reconnaissance internationale croissante. Il reçoit de nombreuses distinctions, dont le Prix international de la Fondation Guggenheim et le Prix UNESCO pour l’art. Ses œuvres sont acquises par les plus grands musées du monde, comme le MoMA à New York, le Centre Pompidou à Paris ou encore la Tate Modern à Londres.
Malgré cette reconnaissance, Appel reste fidèle à son approche brute et instinctive de l’art. Jusqu’à la fin de sa vie, il continue de peindre avec la même passion, explorant sans relâche de nouvelles formes et de nouveaux matériaux. Il décède en 2006 à Zurich, laissant derrière lui une œuvre monumentale et prolifique qui continue d’influencer de nombreux artistes contemporains.
Karel Appel est décédé le 3 mai 2006 à Zurich, en Suisse, à l’âge de 85 ans. Bien que sa mort ne soit pas directement attribuée à une maladie spécifique connue publiquement, il est certain que son âge avancé et la fatigue physique l’ont conduit progressivement vers la fin de sa vie.
Malgré la fragilité inhérente à l’âge, il a continué à travailler avec la même passion jusqu’à ses dernières années, restant fidèle à son art en peignant et en sculptant avec l’énergie brute qui le caractérisait.
Après sa mort, Karel Appel a été enterré au célèbre cimetière du Père-Lachaise à Paris, aux côtés de nombreuses autres figures majeures de l’art et de la culture.