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ARGENTEUIL Héloïse (Héloïse et Abélard)

Qui est Héloïse d’Argenteuil ?

Date de naissance : vers 1090/1095 (abbaye du Paraclet à Ferreux-Quincey, Aube).
Date du décès : 11 mai 1164 (Ferreux-Quincey, France).
Activité principale : Religieuse chrétienne, femme de lettres.
Nom de naissance : Héloïse du Paraclet.

Où est la tombe d’Héloïse d’Argenteuil ?

La tombe est située dans la division 7

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Biographie d’Héloïse d’Argenteuil

Héloïse était une figure religieuse française dont la romance avec un éminent théologien a scandalisé le Paris du XIIe siècle. Héloïse et Pierre Abélard tombèrent passionnément amoureux, mais furent contraints de garder leur relation secrète, et cela se termina par un acte de violence choquant. Les déclarations torrides dans leurs correspondances mutuelles fournissent cependant l’un des premiers exemples écrits d’amour romantique dans la civilisation occidentale.

Élevée par des religieuses

La date de naissance exacte d’Héloïse et ses antécédents familiaux sont des détails qui ont été perdus dans le temps. La plupart des chercheurs situent l’année de sa naissance autour de 1090/1095. Elle pourrait être la fille d’une femme nommée Hersinthe.

Les noms de famille étaient encore peu courants au cours de ce siècle – et on ne sait rien de son père, ce qui amène les chercheurs à supposer que sa mère était peut-être une religieuse. Certains relient Hersint à un couvent appelé Saint-Éloi qui a été fermé par l’évêque de Paris en 1107, après que des accusations d’inconduite sexuelle parmi ses membres. Les enfants issus de ces relations.. auraient été envoyés dans d’autres couvents pour être élevés par des religieuses plus obéissantes, et on sait que l’enfance d’Héloïse a été passée au couvent de Sainte-Marie à Argenteuil, une communauté bénédictine près de Paris.

Pierre Abélard avait, selon la plupart des témoignages, au moins 15 ans de plus qu’Héloïse. Il est issu d’une famille riche de Bretagne, où il est né vers 1079. Après plusieurs années d’études itinérantes, il arriva à Paris vers 1100 et en quelques années, il a fondé sa propre école. Ces académies, souvent associées à une cathédrale ou à un autre corps d’église. Ces lieux étaient les principales sources d’enseignement supérieur de l’époque car les premières universités d’Europe occidentale ne verront officiellement le jour que plus tard dans le siècle.

Abélard était un étudiant de la philosophie classique. Il est encore assez jeune et il s’est révélé comme l’un des maîtres les plus brillants dans ce domaine. Les logiciens déconstruisaient les énoncés déclaratifs pour discerner si l’adversaire présentait un raisonnement imparfait ou valide. À une époque antérieure à l’imprimerie, de telles batailles étaient verbales, voire même une forme de divertissement pour les auditoires, et la combinaison : de la bonne mine d’Abélard, de son arrogance, de sa théâtralité, et de ses prouesses de débatteur, lui a valu la célébrité ainsi que quelques ennemis.

Il s’oriente rapidement vers la théologie, malgré son manque de références officielles, et devient encore plus renommé dans tout Paris.

Héloïse reçut une excellente éducation à Argenteuil, devenant à l’aise en latin – la langue universelle de l’église chrétienne et de toute l’érudition en Europe et dans le monde occidental de l’époque – ainsi qu’en grec et en hébreu, et obtint à elle seule une belle renommée dans les domaines de la grammaire et de la rhétorique : les deux autres branches de la philosophie classique.

Elle s’installa finalement dans la maison de son oncle Fulbert, qui était le chanoine de la cathédrale Notre-Dame. Un chanoine occupait une position ecclésiastique mais aussi administrative et exécutive, et les chanoines de cathédrale étaient des hommes d’influence et de pouvoir dans leur quartier paroissial. Héloïse avait probablement entendu parler d’Abélard avant leur rencontre, car il était déjà bien connu à ce moment-là et servait comme maître de l’école de la cathédrale rattachée à Notre-Dame.

Pierre Abélard : son précepteur privé

On pense que le malheureux duo s’est rencontré vers 1114 ou 1115, et selon le récit d’Abélard, il a vu Héloïse et s’est attaché à la séduire. Il s’adresse à son oncle, qu’il sait très fier des réalisations intellectuelles de sa nièce, et lui propose de lui donner des cours particuliers, et de vivre dans la maison du chanoine. Abélard explique que son propre logement s’avère trop cher et lui fait perdre son temps; il propose même de payer un loyer : Fulbert accepte l’arrangement avec enthousiasme. Comme Abélard l’écrira plus tard dans un mémoire, « plus de mots d’amour que de lecture se sont échangés entre nous, et plus de baisers que d’enseignement », selon Héloïse & Abélard de James Burge.

Comme nous l’avons mentionné, Abélard possédait une maîtrise de la langue, tant parlée qu’écrite, mais Héloïse a également fait preuve d’un talent littéraire dès le début.

Ils ont échangé de nombreuses lettres pendant la période de leur idylle, probablement en utilisant des tablettes de cire qui s’articulaient comme un livre et étaient transportées de l’expéditeur au destinataire par un serviteur. Après la lecture de la lettre, la cire pouvait être lissée par une bougie et utilisée de nouveau.

Héloïse a peut-être écrit des ébauches de certaines de ses lettres sur du parchemin, et ce sont celles-ci qui ont survécu par fragments au cours des siècles. Les fragments d’écriture, en latin, racontent une relation intensément passionnée entre un couple dont l’intelligence et le tempérament étaient bien assortis. De son côté, Abélard lui écrivit des poèmes d’amour, dont certains auraient été copiés et distribués parmi ses disciples.

Finalement, les rumeurs d’une romance clandestine entre la nièce de Fulbert et son tuteur parvinrent au chanoine, qui confronta Abélard et lui ordonna de partir.

La chronologie de l’histoire d’Héloïse et d’Abélard est imprécise, mais les chercheurs pensent que leur romance a duré environ deux ans avant que Fulbert y mette fin. À peu près à la même époque, Héloïse est tombée enceinte et en a informé Abélard. Il s’est arrangé pour qu’elle fuie Paris et qu’elle reste chez un de ses frères en Bretagne, probablement un frère nommé Dagobert. Elle aurait porté l’habit d’une religieuse pour se déguiser lorsqu’il l’a aidée à quitter la ville. Ils baptisèrent leur fils Astralabe, un choix peu conventionnel à l’époque, car c’était le nom d’un instrument scientifique utilisé pour déterminer les positions du soleil, de la lune, des étoiles et des planètes. (Instrument de calcul aussi appelé « Astrolabe » en Français moderne)

Astralabe a été élevé par la famille d’Abélard en Bretagne, de riches propriétaires terriens. De retour à Paris, Abélard s’adresse à Fulbert et lui propose de remédier à cette situation scandaleuse en épousant Héloïse. Fulbert y consent, mais Héloïse refuse, affirmant que cela ruinerait la brillante carrière d’Abélard comme maître de l’école de la cathédrale, et que dans le sens large, la vie de famille est incompatible avec l’œuvre d’un philosophe. En même temps, elle a noté ses propres objections à la légitimation de leur union, écrivant que le mariage lui semblait être un arrangement purement économique. « Le nom d’épouse peut sembler plus sacré ou plus contraignant », s’aventurait-elle dans sa réponse.

Dans ses lettres à Pierre Abélard, Héloïse exprime de fortes résistances à l’idée du mariage, principalement pour des raisons théologiques et personnelles. Elle préfère le titre de « maîtresse » ou même de « concubine » à celui d’épouse, car elle craint que le mariage ne les contraint tous les deux d’une manière qui pourrait nuire à leur amour et à la carrière d’Abélard.

Cette phrase montre la profondeur de son amour pour Abélard et sa volonté de sacrifier tout honneur social pour lui. Elle évoque également les complexités et les contradictions des normes sociales et religieuses de leur époque.

Forcée au mariage

Abélard semblait avoir insisté – peut-être par crainte de la colère de Fulbert – et les deux se sont mariés secrètement à Paris, en présence seulement de l’oncle et de quelques amis. Héloïse est retournée vivre chez son oncle, et Abélard dans son propre logement. Le secret de l’union semble avoir fait partie de l’entente entre Fulbert et Abélard, et a probablement été gardé sous silence au cas où l’un des deux hommes changerait d’avis.

Mais les rumeurs se répandent à nouveau, et Héloïse nie publiquement qu’elle était une épouse, ce qui met Fulbert en colère et entraîne probablement une situation de ménage qui devient de plus en plus intenable pour elle. Après cela, Abélard l’aida à nouveau à s’échapper, toujours en habit de nonne. Les religieuses d’Argenteuil l’accueillent et Abélard écrit qu’au moins une assignation a eu lieu dans la salle à manger vide du couvent. La fureur de Fulbert envers le couple s’intensifie, mais selon les lois et les coutumes de l’époque, une femme est essentiellement la propriété de son mari une fois qu’ils sont mariés, et lorsqu’Abélard prend Héloïse chez son oncle, il agit dans le cadre de ses droits conjugaux.

La réaction de Fulbert était liée à l’idée que sa famille avait été déshonorée par Abélard, et sa décision éventuelle de se venger allait servir à inscrire le couple malheureux dans l’histoire et la littérature pour le prochain millénaire.

Abélard a écrit : « Une nuit, alors que je dormais paisiblement dans une chambre intérieure de mon logement, ils ont soudoyé un des serviteurs pour entrer et ils se sont vengés cruellement d’une barbarie si épouvantable qu’elle a choqué le monde entier ». Les associés de Fulbert « ont coupé les parties de mon corps par lesquelles j’avais commis le mal dont ils se plaignaient. » Les historiens pensent qu’Abélard n’a pas été entièrement castré, mais seulement ses testicules enlevés. La méthode aurait été similaire à celle utilisée sur les animaux de ferme, utilisant une corde enroulée autour du sac puis un couteau tranchant pour extraire les glandes. La corde est laissée attachée afin d’arrêter le saignement.

Le lendemain matin, les Parisiens avaient entendu parler de ce qui était arrivé à Abélard. Il écrivit dans ses mémoires qu’une foule s’était rassemblée dans la maison où il logeait – probablement celle d’une famille noble, les « de Garlandes ». Bien que la plupart aient été consternés par ce qui lui était arrivé, et qu’il ait gagné de nombreux partisans de premier plan, il a perdu son poste de maître de l’école de la cathédrale par décret de l’évêque de Paris. Pour punir Fulbert, le même évêque ordonna la saisie de tous ses biens et avoirs, et Fulbert perdit également son poste – mais pour moins de deux ans, car sa signature commença à réapparaître sur les documents officiels relatifs à Notre-Dame en avril 1119.

Pris des vœux religieux

Ce qui est arrivé à Héloïse pendant cette période reste incertain. Certains historiens croient qu’Abélard s’est peut-être déjà lassé d’elle et l’a convaincue de faire des vœux religieux complets, ce qui signifiait qu’il divorçait. En apprenant cela, la rage de Fulbert a pris la forme qu’elle a prise pour venger l’honneur de sa nièce. Une autre hypothèse veut qu’Abélard ait convaincu Héloïse de « prendre le voile » d’une nonne, cette fois-ci sérieusement, ce qu’elle a fait à Argenteuil.

Une vie libre de toute tentation sexuelle était l’idéal pour un moine, et Abélard lui-même entra dans un monastère, l’Abbaye de Saint-Denis, peu après sa guérison. Il y écrivit un traité sur la Sainte Trinité, puis fut condamné comme hérétique par les autorités ecclésiastiques, et quitta Saint-Denis pour s’installer dans la région de Nogent-sur-Seine, dans ce qui est maintenant le district de l’Aube dans le nord-est de la France.

Vers 1122, il fonda sa propre communauté religieuse, qu’il appela l’Oratoire du Paraclet. Quelques années plus tard, il fut élu abbé de l’Abbaye de Saint-Gildas en Bretagne en 1125, et fit en sorte qu’Héloïse reprenne le Paraclet, car il avait appris qu’elle et quelques autres femmes avaient été expulsées d’Argenteuil. A ce moment, Héloïse avait avancé au poste de prieure, ou de second de l’abbesse. Un évêque local a pris possession de la propriété d’Argenteuil par des moyens suspects, et les religieuses n’avaient nulle part où aller. Certaines sont restées chez leur abbesse, mais quelques-unes, fidèles à Héloïse, sont sans abri et la suivent volontiers à Nogentsur-Seine.

Héloïse et Abélard n’ont plus jamais vécu ensemble, et n’ont eu aucun contact pendant près de douze ans. Ce n’est que lorsqu’Héloïse apprit qu’Abélard avait écrit un long récit de leur histoire, Historia Calamitatum (Histoire de mes malheurs), qu’elle envoya un mot. Dans des lettres ultérieures, elle lui confessa sa dévotion toujours aussi vive et lui avoua que les heures de prière qu’exigeait sa vie religieuse étaient souvent perturbées par la pensée des plaisirs charnels qu’ils avaient autrefois partagés. Leur correspondance se poursuivit pendant plusieurs années encore, jusqu’à la mort d’Abélard en 1142.

Héloïse resta abbesse du Paraclet jusqu’à sa propre mort, le 11 mai 1164 (certaines sources donnent des dates différentes).

Plusieurs maisons pour des sœurs ont été fondées en France de son vivant, mais elles ont toutes été détruites avec la vague antireligieuse de la Révolution française.

Leur fils, Astralabe, est également entré dans la vie religieuse et a été abbé d’un monastère dans ce qui est devenu plus tard la Suisse.

Le monument funéraire d’Héloïse d’Argenteuil au Père-Lachaise

La légende veut que le couple ait finalement été enterré à la propriété de Nogent-sur-Seine. Mais leurs restes ont été déplacés pendant la Révolution au célèbre cimetière du Père-Lachaise à Paris. Il y a un monument funéraire, mais on ne sait pas si les deux, ou peut-être seulement Abélard, y reposent.

Le monument funéraire d’Héloïse et Abélard est un monument funéraire remarquable du cimetière du Père-Lachaise construit en 1817 et contenant les dépouilles d’Héloïse d’Argenteuil et Pierre Abélard. Il a été classé aux monuments historiques par un arrêté du 14 novembre 1983.

Haigh - Tomb of Abelard and Heloise 01